HELENA CITRÓNOVÁ

Histoires Meconnues (hmcn)
11 nov.
4 min de lecture

Connaissez vous Helena Citrónová ? Elle, prisonnière à Auschwitz, lui, Franz Wunsch, SS-Unterscharführer.

HELENA

Helena Citrónová est née le 26 aout 1922 à Humenné (Slovaquie actuelle), dans une famille juive dont le père était chantre, elle aimait chanter avec lui. Elle avait 3 frères et sœurs.

En mars 1942, elle fait partie du premier transport de jeune femmes juives slovaques célibataire à Auschwitz, officiellement pour un "travail national", en fait vendu comme main-d’œuvre au régime nazi par le gouvernement slovaque (200 dollars par personne)

Photo d'Helena prise au camp par Wunsch

À son arrivée, elle est assignée à un travail dur, qui consistait a démolir un bâtiment du camp. Les SS obligeaient les jeunes filles à rester sur le chantier, même quand des murs tombaient, plusieurs filles ont été écrasées.

Helena a ensuite obtenu un poste dans un dépôt appelé "Canada" ou les prisonniers devaient trier les effets personnels des victimes.

LA RENCONTRE

C'est dans le dépôt Canada en Septembre 1942 qu'a lieu la rencontre avec le garde SS Franz Wunsch, c'est son anniversaire et Helena est appelé à chanter pour lui, avec un échange une chance de rester au dépôt, elle décide de chanter une chanson Allemande "Liebe war es nie" (Ce ne fut jamais de l'amour).

Sa voix attire l'attention de Wunsch, il reste figé, regardant Helena chanter, il lui demande "S'il vous plaît, chanter encore". Pour Helena, le simple "S'il vous plaît" est un choc, elle dit :

Soudain, j'entendis la voix d'un être humain et non le rugissement des animaux. J'entendis le mot "s'il vous plaît", Je levai ls yeux, les larmes aux yeux et aperçus un uniforme. Je pensai : Mon Dieu, ou sont les yeux d'un meurtrier ? Ce sont les yeux d'un être humain.

Wunsch avait 20 ans, il s'était engagé volontairement dans la SS. A Auschwitz, il était responsable des chambres à gaz, de retirer les corps, de les incinérer et de disperser les cendres.

Plus tard, Wunsch débarque dans le dépôt sans dire un mot, il lui jette une lettre, qu'elle détruit directement, mais elle a eu le temps de lire "Amour, je suis tombé amoureux de toi"

Pour Helena c'était impensable

Je me suis dis que je préférais mourir plutôt que de fréquenter un SS, je n'ai éprouvé que de la haine. Je ne pouvais même plus le regarder.

JE T'AIME MOI NON PLUS

Wunsch lui, n'abandonne pas, malgré le danger. Il risque sa vie pour lui donner de la nourriture, des vêtements chauds, des couvertures, et même ses propres rations et des cadeaux que sa mère lui envoyait. Des gestes suicidaires.

Helena dira plus tard que cette aide avait mis la vie de Wunsch en danger après de ses supérieurs SS. "Il m'aimait à la folie"

Helena, elle, partageait ces vivres avec les autres prisonnières, sauvant sans doute des vies au passage. Parfois, elle implorait Wunsch d’épargner les détenus, allant jusqu’à retenir sa main lorsqu’il frappait un prisonnier.

Certains prisonniers étaient jaloux, ils la voyaient comme une privilégiée, pendant qu'eux mouraient à petit feu. Dans le documentaire "love It Was Not" un ancien détenu dira :

Nous étions tous profondément jaloux qu'elle ait cette chance, tandis que nous, nous allions comme des moutons à l'abattoir.

SAUVE MA FAMILLE

La sœur d'Helena, Róza et ses 2 enfants, ont aussi été déporté à Auschwitz, problème, dés leur arrivée, ils étaient désignés à être envoyés directement à la chambre à gaz.

Helena supplie les SS de les épargner, ils refusent, alors elle les implore de la tuer aussi.

Soudain, Wunsch débarque et commence à battre violemment Helena pour sauver les apparences et lui demande discrètement "Dites-moi vite le nom de votre sœur, avant qu'il ne soit trop tard" Helena répond "Tu ne pourras pas, elle est venue avec des enfants." Wunsch répondra "Les enfants ne peuvent pas vivre ici."

Wunsch a couru au crématorium et a trouvé la Róza. Malheureusement pour les enfants, qui eux on était gazé, de même pour les parents d'Helena qui ont été gazé, son frère se suicidera lors d'une tentative d'évasion.

Les sœurs Helena et Roza avec la fille de Roza, Aviva, qui a ensuite péri à Auschwitz à l’âge de 9 ans.

Helena dira qu'il y a jamais de contact physique entre elle et wunsch, mais elle reconnaît qu'à la fin, malgré tout, elle avait fini par l'aimer, avant sa mort en 2005, elle dira :

Ici, il a fait quelque chose de grand. Il y a eu des moments où j’ai oublié que j’étais juif et qu’il n’était pas juif et, honnêtement, à la fin, je l’aimais.

APRÈS GUERRE

Après la libération, Helena et sa sœur Roza ont tenté de rentrer chez elle en Slovaquie, vêtues des bottes fourrées que Wunsch leur avait offertes pour affronter le froid de "la marche de la mort" accompagné d'un mot "Je t'ai beaucoup aimée". En rentrant en Slovaquie, elles découvrent la réalité : leur communauté juive avait été anéantie. En juillet 1945, elles émigrent en Palestine.

En Israël, Helena se marie avec David Tahori (soldat des forces israéliennes), puis elle change son nom en Zippora Tahori, ils ont eu 2 enfants.

De son côté Wunsch, cherche désemparement à la retrouver, il finira par réussir grâce au Service international de recherche de la Croix-Rouge. Pendant des années, il lui écrit, multipliant les lettres. Dans l'une d'elles, il dit :

Alors nous serons ensemble et respecterons les nombreuses promesses que nous nous sommes faites mutuellement.

Mais Helena refusera toutes ses tentatives de contact. Il arrêtera de lui écrire et se mariera.

En 1972, Wunsch est jugé pour son rôle à Auschwitz. Son épouse contacte Helena, la suppliant de témoigner en sa faveur. Lors du procès, Helena reconnaît avoir reçu de l'aide de la part de Wunsch, mais elle confirme aussi avoir été témoin de ses crimes contre d'autres prisonniers. Helena évite tout contact visuel avec Wunsch.

Wunsch a finalement été libéré, le délai de prescription ayant expiré.

Helena décédera le 4 juin 2007.

Franz Wunsch le 23 février 2009.